Katamon
Katamon ou Qatamon (קטמון ;قطمون ; grec moderne : Καταμόνας ; du grec ancien κατὰ τῷ μοναστηρίῳ) près du monastère[1] est un quartier de Jérusalem appelé officiellement Gonen (גּוֹנֵן, le défenseur)[2]. Il est construit près d'un monastère grec orthodoxe, censé être construit sur la maison et la tombe de Syméon.
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0,16 km2 |
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Quartier de Jérusalem (d) |
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Le quartier de Katamon est construit au début des années 1900 par des chrétiens palestiniens aisés. Les habitants fuient pendant la guerre de Palestine de 1948 ; ils ne sont pas autorisés à revenir par Israël. Très rapidement, des réfugiés juifs s'installent dans les maisons arabes.
Géographie
modifierKatamon est bordée par les quartiers de Talbiya, de la colonie allemande (en) et de la colonie grecque (en) au sud-est. Le quartier est desservi par les rues Rachel-Imenu et Hizkiyahu-Ha'Melech (à la limite de la colonie grecque), et à l'est par la rue Kovshey-Katamon (qui fait la limite avec Talbiya). Ces rues rejoignent les rues Emek-Refaim et HaPalmach[3]. À l'époque du Mandat britannique, le quartier était divisé en Katamon Haut et Katamon Bas[4].
Rues du quartier
modifierPendant le mandat britannique, les rues de Katamon n'étaient pas baptisées, sauf la rue "Katamon" street (actuellement les rues "Rachel-Imenu" et "Hizkiyahu-HaMelech") et la "rue Jorden" (actuellement rue "Tel-Hai"), surnommée rue "Michael Sansour", d'après un entrepreneur qui y possédait une maison. Les bâtiments n'étaient pas numérotés et portaient le nom des familles qui les avaient construits. Depuis 1948, les rues portent des noms en rapport avec la guerre de 1948, des noms de personnages bibliques ou de rabbins, et de figures du sionisme[5].
Histoire
modifierAntiquité
modifierDepuis la fin du XIVe siècle, on situe la maison de Syméon, cité dans l'Évangile de Luc, à Katamon[6].
Période ottomane
modifierEn décembre 1516, les armées de Sélim Ier, sultan ottoman, conquièrent Jérusalem. L'église Saint-Syméon, qui appartenaient aux Géorgiens, est abandonnée au moment de la conquête ottomane[6]. En 1681, Cornelis de Bruijn réalise une gravure de Jérusalem où figure une tour en L à quatre étages, déjà signalée par une source du début du siècle qui les appelle la maison et la tour de Syméon le Prophète[6]. Les grecs orthodoxes, ou orthodoxes de Jérusalem, achètent l'endroit en 1859. En 1881, ils y construisent une église et la résidence de leur patriarche, y incorporant les ruines de Saint-Syméon[6]. Les grecs orthodoxes l'appellent "Saint-Syméon de Katamonas" et croient qu'il est construit sur la tombe de Syméon. Une inscription retrouvée dans une grotte sur le terrain est interprétée comme indiquant le tombeau de prêtres ancêtres de Syméon[7]. En 1890, le patriarche Nicodème Ier de Jérusalem construit sa résidence d'été près du monastère, convertie dans les années 1960 en centre de soins pour personnes handicapées[8].
Le quartier commence à se construire au début des années 1900. Selon le géographe israélien Gideon Biger, une urbanisation de Katamon est probablement planifiée avant la Première Guerre mondiale. L'Église orthodoxe est propriétaire des terrains à Katamon, Talbiya et Baka. À la fin du XIXe siècle, elle est en difficultés financières, difficultés qui s'accroissent pendant la guerre. L'Église vend, peu avant 1914, certains de ses biens hors de la Vieille Ville, jugés moins saints : c'est le cas de Katamon, qui est divisé en lots à construire[9].
Les photographies aériennes prises par les Allemands pendant la guerre montrent des lots, déjà construits et délimités par des pierres, selon un plan en grille[10],[11]. Malgré les prix peu élevés, la zone, totalement chrétienne, n'attire pas les acheteurs juifs[12]. Cinq maisons sont construites avant la guerre[9].
Période du mandat britannique
modifierDe 1915 à 1918, les combats de la campagne du Sinaï et de la Palestine permettent au Royaume-Uni de faire la conquête de la Palestine. Jérusalem est conquise à l'issue de la Bataille de Jérusalem en décembre 1917. La Palestine est administrée comme territoire conquis jusqu'en 1923 puis sous l'autorité d'un mandat de la Société des Nations qui institue la Palestine mandataire.
Dans les années 1920, 90 lots résidentiels sont programmés à Katamon et leur construction commence rapidement, le mouvement s'amplifiant après 1924. En peu de temps, une quarantaine de maisons luxueuses sont bâties pour des familles d'Arabes chrétiens. La moitié des bâtiments de Katamon sont construits entre 1927 et 1937, la vague de construction continuant jusqu'en 1948[13]. La plupart des habitants de Katamon appartenaient à la bourgeoisie moyenne et supérieure : enseignants, hommes d'affaires, entrepreneurs, négociants, etc.[14],[15]. Parmi ces résidences, des immeubles locatifs sont construits[13],[16]. Le quartier est alors bordé à l’est par la colonie grecque et la colonie allemande, au sud-est par la ligne Jaffa-Jérusalem des chemins de fer de Palestine (de son acronyme anglais PR) et le quartier d’El Baq'a. Le quartier est situé à la limite territoriale de la municipalité de Jérusalem[17].
Le quartier prend un caractère aisé, bourgeois, aux allures européennes/cosmopolites avec des maisons conservant des éléments importants de culture levantine[18],[19]. La plupart des propriétaires sont des Arabes chrétiens de l'Église orthodoxe, dont la communauté est dirigée par Issa Michael al-Toubbeh ; d'autres sont catholiques romains, certains d'entre eux d'origine italienne[15],[13], d'autres encore relèvent de l'Église évangélique arménienne (protestants)[13]. Le caractère cosmopolite du quartier vient aussi des mariages entre ces communautés chrétiennes[20]. Les appartements étaient loués par des Arabes, ou par des fonctionnaires et officiers britanniques préférant vivre dans un quartier chrétien[13].
Les enfants allaient dans des écoles privées, chères et donnant un enseignement de qualité, en anglais, italien, allemand ou en français[15].
Les orthodoxes vivaient de manière séculière, tout en pratiquant leur culte chaque dimanche et pour les évènements familiaux. Ils fréquentaient l'église Saint-Syméon, l'église du monastère de la Croix ou dans des églises du quartier chrétien de la Vieille Ville. Les catholiques fréquentaient la chapelle Sainte-Thérèse ou des églises de la Vieille Ville. Les protestants fréquentaient la cathédrale Saint-Georges[20].
La plupart des Britanniques travaillant dans les services publics étaient membres du YMCA. Plusieurs consulats étaient installés dans le quartier, dont ceux du Liban, d'Égypte, de Syrie, d’Irak, d’Italie (qui est resté au même endroit depuis), de Belgique, de Pologne et de Tchécoslovaquie (ce dernier à la villa Cherkessi). Trois petits hôtels et une pension existaient à Katamon ; il y avait aussi un club sportif britannique[15] utilisé ensuite par le Hapoël Jérusalem FC pendant quelques années. À la fin du mandat britannique, l‘hôtel Sémiramis est construit dans le quartier (voir section suivante).
Chute de Katamon pendant la guerre de 1948
modifierEn 1948, Katamon était un quartier arabe entre deux quartiers juifs et le seul quartier arabe dans une succession de quartiers juifs.
Dès le 10 décembre 1947, des évacuations d'Arabes sont signalées, les Britanniques apportant leur assistance à partir de janvier. La poignée d'habitants juifs du quartier sont parmi les premiers à quitter le quartier. Selon l'historien israélien Benny Morris, ils sont partis par peur ou à cause des intimidations des Arabes[18]. Les Arabes, eux, quittent le quartier sous la pression des attaques juives (tirs isolés, attentats, combats et finalement assaut de la brigade Harel). Le cas de Katamon illustre l’écart entre les déclarations nationalistes des élites arabes et leur incapacité à prendre les armes et faire les sacrifices nécessaires au moment opportun, et l’écart entre cette classe d’Arabes chrétiens urbanisés et leurs défenseurs, ruraux musulmans[21].
Fin 1947, des tirs venus des quartiers juifs visent Katamon. Des barrages coupent parfois les routes[22]. Avec la menace de guerre intercommunautaire grandissante et cette détérioration de la situation, une milice locale est organisée par les habitants qui pouvaient se procurer des armes. Cette milice est peu unie ; seuls vingt hommes la composent, ils disposent de quatre fusils, trois pistolets, et la majorité ne savent pas se servir d’une arme à feu. Des échanges de coups de feu sont fréquents avec les Juifs des quartiers voisins[23]. La milice organise une collecte pour acheter des armes, érige des barricades aux entrées du quartier ; des ingénieurs font le tour des maisons pour indiquer aux habitants les points faibles de chacune à leurs habitants. Des médecins et des femmes se portent volontaires pour organiser un service de santé. Mais dès qu’un des gardes est touché par un tir de nuit, les efforts de défense sont abandonnés. Un ravitaillement collectif est organisé pour faire face aux difficultés d’approvisionnement mi-janvier[22]. Dans la nuit du 5 au 6 janvier 1948, la milice sioniste Haganah commet l'attentat à la bombe contre l'hôtel Sémiramis, situé à Katamon, tuant 24 à 26 personnes (18 selon un autre bilan[23]), dont le consul d’Espagne, action qui n’a jamais été condamnée par David Ben Gourion[24]. Bien que la Haganah affirme commettre cet attentat en représailles, elle le fait sur la base de renseignements erronés indiquant que l’hôtel abritait le siège de la milice d’autodéfense du quartier[23]. L’explosion illumine la nuit pendant plusieurs minutes, secoue les maisons voisines, réveille leurs habitants. Certains s’enfuient dès le lendemain[23]. L'attentat provoque une nouvelle vague de fuites[25], dont les femmes, les enfants et les vieillards. La plupart se réfugient dans le sud du quartier autour du consulat irakien défendu par la Légion arabe de Transjordanie[26]. Quelques membres de la classe moyenne se réfugient à Bethléem[27].
Abd al-Kader al-Husseini, chef de la défense arabe de Jérusalem, nomme l’officier de police Shafiq Aways à la tête de la défense de Katamon, en lui confiant une force de soixante hommes, villageois, volontaires irakiens et du Hedjaz. L’arrivée de cette force cause un accroissement des tirs juifs, et par conséquence une opposition des habitants du quartier à sa présence qui craignent des représailles des Juifs[22]. Le 13 mars, un nouvel attentat a lieu : trois explosions secouent le quartier et des échanges de tirs ont lieu toute la nuit. La plupart des habitants quittent le quartier après cette nuit, la plupart partant pour les villes du Moyen-Orient où ils avaient l’habitude de passer leurs vacances[28]. Al-Husseini retire Aways de Katamon pour son incompétence et ses mauvais rapports avec la population et les remplace par une force de 130 hommes, des villageois palestiniens, commandés par Ibrahim Abu Dayyeh (ar), dont la compétence visible rassure les habitants[28]. Ils demeurent néanmoins passifs, ne s’impliquant pas dans les efforts de défense du quartier[29]. La nuit du 13 avril, des tirs de mortier visent le quartier ; chaque jour, des habitants quittent le quartier[30].
Les autorités arabes tentent de tarir le flux, et de nombreux jeunes hommes qui avaient fui dans la Vieille Ville reviennent à Qatamon[26]. Hala al-Sakakini, la fille du poète et universitaire palestinien Khalil Sakakini et résidant à Katamon, décrit dans son journal la façon dont les habitants effrayés ont fui leurs maisons et n'ont pas répondu aux ordres de rester sur place[31],[25].
La milice arabe établit ses quartiers au monastère Saint-Syméon[26]. À la mi-avril, ordre est donné à la brigade Harel de se déployer à Jérusalem et de réaliser l'opération Yevusi. Cette décision est prise sur la base de rapports erronés concernant une évacuation rapide de la ville par les Britanniques et sur le déploiement de troupes arabes prêtes à combler le vide. La bataille pour Katamon a lieu principalement autour du monastère Saint-Syméon, et la plupart des troupes arabes présentes a Jérusalem y participent. Le commandant des forces arabes, Ibrahim Abu-Dayyeh(he), est l'un des plus respectés, notamment grâce à son engagement dans l'attaque du convoi de Nabi Daniel (en) et les combats à Cheikh Jarrah. Ses hommes étaient équipés d'armes légères et de blindés artisanaux, plus quelques uns pris à l'ennemi lors des combats du convoi de Nabi Daniel. Face à eux, le quatrième bataillon de la brigade Harel Brigade était épuisé par les combats des semaines précédentes, tout comme les soldats arabes[32]. Comme à l’accoutumée, la Haganah déclenche son attaque à minuit, le 29 avril. Dans la nuit, 15 des volontaires arabes sont tués, 30 blessés[30]. Les soldats irakiens de la Légion arabe, qui occupaient le consulat d’Irak à Katamon, quittent le bâtiment pour offrir de combattre avec les miliciens et fournissent des munitions. Mais en l'absence de renforts côté arabe, le retrait est décidé, laissant les Juifs s'emparer du quartier[32] le soir du 30 avril. Les derniers habitants à rester à leurs domiciles doivent fuir avec uniquement ce qu’ils portent sur eux[21].
D'après l'historien Saleh Abdel Jawad, des « meurtres indiscriminés » eurent lieu à la chute de Katamon, le 29 avril, d'un nombre inconnu de personnes[33].
La prise de Katamon est suivie d'une mise à sac en règle du quartier par les soldats et les civils juifs[34],[35]. Hagit Shlonsky, qui vivait à proximité, écrit :« Pendant des jours, on a vu les gens charges de biens volés. [...] Pas seulement les soldats, les civils aussi. Ils pillaient comme des fous. Ils ont même pris les tables[36]. » Le quartier est pillé, les autorités israéliennes fermant les yeux[37],[38], même si Dov Yosef condamne ces pillages pour des raisons morales aussi bien que pratiques. Les pillards ont volé jusqu'aux portes et la robinetterie, ce qui rend l'installation de réfugiés difficile[39]. Yitzhak Rabin a décrit ces pillages dans les mêmes termes[40].
Près de 30 000 livres, manuscrits et collections de périodiques appartenant à des Arabes de Katamon et d'autres quartiers de Jérusalem, sont collectés par la bibliothèque nationale d'Israël et intégrés dans ses collections[41],[42]. Issus du pillage des domiciles abandonnés par leurs propriétaires[34],[35]. Ces documents sont initialement catalogués sous le nom de leur légitime propriétaire, ils ont ensuite été reclassés comme « propriété abandonnée » au sens de la loi sur la propriété des absents[41].
Le 17 septembre 1948, le médiateur des Nations unies, le comte Folke Bernadotte et André Sérot, observateur des Nations unies, sont assassinés par des terroristes membres du Lehi rue du Palmach, face au carrefour avec la rue Ha'gdud Ha'ivri Street, à Katamon[43].
En mai-juin, après la chute du quartier juif de la Vieille Ville, 1400 juifs sont expulsés par la Légion arabe, essentiellement des femmes, des vieillards et des blessés[44],[38],[39]. Quelques uns sont installés à Qatamon, avec des réfugiés des kibboutz exposés dans le corridor de Jérusalem. En août 1948, il y avait déjà entre 2500 et 3000 réfugiés juifs hébergés dans le quartier. Des paramilitaires de l’Irgoun (Etzel) s’installent aussi dans des maisons arabes, bien que le quartier, proche de la ligne verte, ne soit pas à l’abri de tirs éventuels venant de la Jordanie[16].
Période israélienne
modifierÀ la fin de la guerre, l’armée occupait quelques maisons du quartier et Jérusalem-Ouest, dont Katamon, passent sous administration militaire. Les logements qu’elle occupe à Katamon sont libérés au printemps 1949[16].
Après la guerre, Israël s'approprie les maisons de Katamon : des immigrants juifs et des dirigeants israéliens s'installent dans les maisons abandonnées. Les appartements sont divisés pour loger plus de monde trois ou quatre familles pouvant être installées dans un seul logement. De nombreuses rénovations et extensions improvisées sont réalisées par les occupants de ces logements[45],[46]. La propriété des maisons arabes est transférée à l’État en vertu de la loi sur la propriété des absents[16]. Le gardien de la propriété des absents loue les maisons libérées par l’armée aux hauts fonctionnaires et dirigeants israéliens venus de Tel Aviv à Jérusalem avec le déplacement des institutions d’Israël. Il perçoit aussi les loyers des réfugiés. Ceux-ci sont progressivement évacués bon gré, mal gré, en partie vers des colonies en Galilée au début des années 1950, libérant ainsi des logements pour les dirigeants israéliens. Les loyers sont augmentés, en accord avec la valeur des maisons, et les réfugiés de la Vieille Ville, souvent pauvres, sont prévenus qu’ils devront partir s’ils ne peuvent les payer. Le gardien des propriétés des absents multiplie également les offres pour les pousser à quitter les logements, qui sont acceptées par 400 évacués de la Vieille Ville au milieu des années 1950. Sur décision judiciaire, quinze familles sont expulsées quand la cour se rend compte que les propriétaires ne répondaient pas à la définition de l’absent telle qu’inscrite dans la loi[16]. Un accord entre l’Autorité de développement (à qui le gardien de la propriété des absents transfère la propriété des biens immobiliers arabes) et les évacués intervient en 1956 et leur concède des loyers réduits[16].
Des bâtiments de Katamon sont affectés à des usages publics, synagogues, écoles, crèches et maisons de retraite. L'hôpital Misgav Ladach, déplacé de la Vieille Ville, est réinstallé dans un immeuble d'appartements. La villa Cherkessi, récupérée par Israël via la loi sur la propriété des absents, est confiée au gardien de la propriété des absents qui la loue à la Côte-d'Ivoire qui y installe son ambassade avant de la déménager en 1980 après le vote de la loi sur Jérusalem capitale d'Israël.
Architecture
modifierAu début des années 1950, l'État mène plusieurs projets de construction de logements à Katamon qui utilisent souvent des le parement Wild Bau, plaçant de manière aléatoire des décombres de maçonnerie en façade, style adopté par de nombreux architectes modernistes en Israël [47].
Gentrification
modifierÀ partir du début des années 1970, le quartier de Katamon subir un processus de gentrification quand la classe moyenne se met à racheter les appartements où vivaient des Israéliens moins fortunés, puis y fait des travaux, reformant les appartements qui avaient été divisés après 1948, rehaussant les standards du quartier. Ces nouveaux habitants sont attirés par les petites maisons de style arabe, avec cours, pierres apparentes, porches, toits de tuiles, le tout proche du centre. L'allure du quartier change avec ses habitants. L'aspect ancien et semi-rural attire de nouveaux immigrants, dont des religieux aisés venus d'Occident [48]
Depuis les années 1970, le quartier est habité principalement par des Juifs séculiers et des masortim (en) (juifs religieux). Il est touché par un mouvement de judaïsation, y compris la construction de logements destinés aux juifs Haredim[49].
Bâtiments remarquables
modifierUn des sites les plus remarquables du quartier est le monastère Saint-Syméon, appelé San Simon à Jérusalem(he). Il est situé sur une colline orientée vers le nord. Il est entouré par un grand parc appelé San Simon.
Au centre du quartier se trouve le jardin Recha Freier. Cinq bâtiments historiques autour du jardin sont utilisés pour des représentations diplomatiques : le consulat du Liban (uniquement pendant la période mandataire), la Pologne, le Venezuela, Salvador, la Belgique, l’Italie, le Costa-Rica et la Grèce. Le consulat grec est installé dans le même bâtiment depuis les années 1950[50],[51].
Le village de jeunesse (en) Israel Goldstein Youth Village (en) qui dispense un grand nombre de programmes d’enseignement, particulièrement à destination des immigrants russes et français, héberge aussi un camp Ramah (en) qui accueille de jeunes juifs d’Amérique du Nord pour des séjours de six semaines l’été et de quatre mois et demi au printemps.
L’hôpital de Misgav Ladach dans le sud de Katamon a une maternité spécialisée ; c’est maintenant un centre médical dépendant d’une assurance de santé privée[52]. Le musée des Arts islamiques (en) est situé rue Palmach[53], la communauté hassidique d’Erlau et sa yeshiva, Ohel Shimon[54].
Katamonim
modifierÀ l’ouest, le Vieux Katamon se divise en plusieurs quartiers appelés "Katamonim" (pluriel en hébreu moderne dez Katamon ; officiellement Gonenim), construits dans les années 1950 pour loger les vagues d’immigrants d’Irak et du Kurdistan, vivant jusque là dans des tentes[55]. Ces quartiers sont numérotés en hébreu : Katamon Khet ("Katamon 8"), Katamon Tet ("Katamon 9), etc. Ils ont parfois un surnom, comme Katamon Hei (5) dit quartier San Simon[56], une partie de Katamon Het (8) et Katamon tet (9) parfois appelé quartier San Martin[57] et Katamon zayn (7) surnommé quartier Pat d’après un général israélien.
Katamon Khet est construit à la fin des années 1950, and Katamon Tet au milieu de la décennie suivante. Les Katamonim sont de grandes barres d’appartements construites sur piliers, ce qui diminue le coût de construction. Certains bâtiments appartiennent toujours à l’État, mais la société publique de gestion immobiliètre Amidar (en) a vendu de nombreux appartements à leurs habitants dans les années 1970[55]. Un centre de l’organisation internationale des femmes sionistes (WIZO de son acronyme en anglais) se trouve aussi à Katamon.
Jusqu'à la guerre des Six-Jours, le quartier se trouvait très proche de la ligne verte. D’importants investissements en infrastructures ont été réalisés pendant deux décennies, dans un projet de rénovation urbaine. De nombreux petits appartements ont été fusionnés pour en constituer de plus grands et les façades ont été refaites[55]. Depuis les années 1990, les immigrants russes et éthiopiens ont été logés ici[55].
Sports
modifierLe club de football Hapoël Jérusalem FC est domicilié à Katamon des années 1930 jusqu’à son départ pour le stade de l’YMCA dans les années 1980[58]. En 2007, les fans de l’Hapoël ont formé un nouveau club, le Hapoël Katamon Jérusalem, mais qui ne joue pas dans le quartier[59].
Le Jerusalem Tennis Center, fondé en 1981 et dédicacé en 1982 par la communauté juive d’Afrique du Sud à la mémoire de Yossi Zeituni, entraîneur de tennis mort lors de la guerre du Liban, est situé dans les Katamonim. Il a 19 courts et un stade de 2000 places[55].
Culture populaire
modifierPersonnalités liées au quartier
modifier| Personnalités israéliennes liées à Katamon | Personnalités palestiniennes liées à Katamon |
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Notes
modifier- ↑ Shulamith Hareven, City of Many Days, Mercury House, (ISBN 9781562790509, lire en ligne)
- ↑ Ofer Aderet, « A stir over sign language », Haaretz, (lire en ligne)
- ↑ « Jerusalem Real Estate Guide - A Pick Into The Most Desirable Districts Of Jerusalem » [archive du ], Naldan Plus (consulté le )
- ↑ Kroyanker, 2002, p. 195
- ↑ Kroyanker, 2002, p. 177-178
- Pringle, 1998, p. 166–167.
- ↑ « St. Simeon's Monastery » [archive du ] (consulté le )
- ↑ Kroyanker, 2002, p. 264.
- Kroyanker, 2002, p. 178–179.
- ↑ Kroyanker, 2002, p. 178
- ↑ Ruth Kark, Jerusalem neighborhoods, (ISBN 0814329098, lire en ligne)
- ↑ Ya'akov Yehushua's Talbiya: The Story of One of Jerusalem's New Neighborhoods, p. 25–26, cité par Kroyanker, 2002, p. 179.
- Kroyanker, 2002, p. 180.
- ↑ Kroyanker, 2002, p. 181.
- Kroyanker, 2002, p.182
- Eldad Brin, « The Limits of Symbolic Capital », Israel Studies, printemps 2022, volume 27, no 1.
- ↑ Cf Carte.
- Morris, 2004, p. 123.
- ↑ Kroyanker, 2002, p. 180.
- Kroyanker, 2002, p. 183.
- Itamar Radai, « Qatamon, 1948: The Fall of a Neighborhood », Jerusalem Quaterly, no 46, p. 12.
- Radai, op. cit., p. 8.
- I. Radai, op. cit., p. 7.
- ↑ Illan Pappé, Le Nettoyage ethnique de la Palestine, Paris : La Fabrique, 2024. (ISBN 978-2-35872-280-3), p. 95.
- Gelber 2004, p. 141.
- Morris, 2004, p. 124.
- ↑ Gelber, 2004, p. 244.
- Radai, op. cit., p. 9.
- ↑ Radai, op. cit., p. 10.
- Radai, op. cit., p. 11.
- ↑ Hala al-Sakaini, Jerusalem and I: A Personal Record, Jordan 1990, p. 111.
- Gelber, 2004, p. 126.
- ↑ Saleh Abdel Jawad, 2007, Zionist Massacres: the Creation of the Palestinian Refugee Problem in the 1948 War. "29 April 1948: Jerusalem, Qatamoun neighbourhood: Indiscriminate killings occur. After the fall of this western neighbourhood in Jerusalem, the Haganah forces kill an unknown number of people."
- « Civilians in Military Courts? », Israel Studies Review, vol. 26, no 1, , p. 66–87
- Anita Shapira, « Jerusalem in 1948: A Contemporary Perspective », Jewish Social Studies, vol. 17, no 3, , p. 78–123
- ↑ Nathan Krystall, Jerusalem 1948, The Institute of Jerusalem Studies & Badil Resource Center, , « The fall of the New City 1947–1950 », p. 100
- ↑ Gelber, 2004, p. 172.
- Morris, 2004, p. 392.
- Kroyanker, 2002, p. 187.
- ↑ I. Pappé, 2024, p. 139.
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- ↑ « The discreet charm of the bourgeoisie »
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- ↑ Michal Lando, « Between Two Cultures: In Jerusalem, a Breakthrough Show of Works by Arab-Israelis », The Forward, (lire en ligne)
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- ↑ « Error 404 », sur www.jerusalem.muni.il
- ↑ « מכרז של רשות הדואר לסוכנות סן מרטין » [archive du ] (consulté le )
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- ↑ Aryeh Dayan, « Thousands show up to cheer experimental fan-owned soccer team », Haaretz, (lire en ligne)
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{{ lien brisé | url = http://example.com | titre = Un exemple }}(syntaxe de base)
Le paramètreurlest obligatoire,titrefacultatif.
Le modèle {{lien brisé}} est compatible avec {{lien web}} : il suffit de remplacer l’un par l’autre. - ↑ (en-US) « Swamped with singles », sur The Jerusalem Post (ISSN 0792-822X, consulté le )
- ↑ Kroyanker, 2002, p. 239.
- Kroyanker, 2002, p. 237.
Bibliographie
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- A country of the mind Guardian, Saturday October 19, 2002 (from Dr Ghada Karmi's memoir, In Search of Fatima)
- D. Pringle, The Churches of the Crusader Kingdom of Jerusalem: A-K (excluding Acre and Jerusalem), vol. I, Cambridge University Press, (ISBN 0-521-39036-2, lire en ligne)
- B. Morris, The Birth of the Palestinian Refugee Problem Revisited, Cambridge University Press, (ISBN 978-0-521-00967-6, lire en ligne)
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- Sakakini, Hala: Jerusalem and I, 1987
- (he) Kroyanker, D., Jerusalem Neighborhoods: Talbiyeh, Katamon and the Greek Colony, Keter Publishing House,
- Itamar Radai, « The collapse of the Palestinian-Arab middle class in 1948: The case of Qatamon », Middle Eastern Studies, novembre 2007, volume 43, no 6, p. 961-982.