LA FRANCE ET LE SIAM DE 1680 A 1685 * HISTOIRE D'UN ÉCHEC

par MICHEL JACQ-HERGOUALC'H

II arriva à la barre de Siam le 3 septembre 1680. On en trouve l'écho dans les archives de l'époque :

Monsieur Baron, directeur de la Compagnie, envoya une lettre au roi, avec des présents au nom de la Compagnie, par le sieur Boureau-Deslandes qu'il avait choisi. Monsieur l'évêque de Métellopolis, étant le conducteur de part et d'autre de toutes ces négociations, crut avec juste raison qu'il pourrait dans une semblable conjoncture obtenir quelque privilège particulier contre les lois et les coutumes de la cour, prétendant que le sieur offrît lui-même la lettre et les présents au roi qui les estima, à ce quelques mandarins de la cour ont rapporté, plus que tous les autres présents qu'il a coutume de recevoir [. . .]. L'entretien du roi avec Monsieur l'évêque, sans aucun interprète et sans autres conversations que du roi avec Monsieur le prélat, dura cinq gros quarts d'heures sur plusieurs différentes matières, comme des mathématiques, astrologie, mais principalement géographie, gouvernement et grandeurs des rois et princes d'Europe, surtout de France, et de la grande renommée que s'était acquise le roi de France dans toutes ces guerres, puisque, entre tous les princes d'Europe, on ne parlait que de lui, de ses victoires et prises de ville [. . .]. Le roi fit voir dans l'entretien qu'il eut avec Monsieur l'évêque, qu'il avait profité des livres que le dit prélat a composé en langue de Siam pour lui, et principalement de la géographie dont il parle assez pertinemment *.

Cette longue citation, outre les renseignements pratiques qu'elle fournit, est intéressante par le fait qu'elle mêle des préoccupations mercantiles à d'autres

Rev. franc, d'hist. d'outre-mer, t. 82 (1995), n° 308, p. 257 à 275.