Historique des Compagnies M�haristes

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Suite : Chapitre 6

CHAPITRE V (suite)

LE SAHARA CENTRAL ET ORIENTAL
PENDANT LA PREMIERE GUERRE MONDIALE

 

Le g�n�ral Laperrine est nomm� commandant sup�rieur des Territoires sahariens.

     Les �v�nements de l'ann�e 1916 dans le Tassili, au Hoggar, sur le Niger et. dans l'A�r ont �mu le gouvernement. Le g�n�ral Lyautey, alors ministre de la guerre, pr�conise de rem�dier au manque de coh�sion si pr�judiciable � la conduite politique et militaire des op�rations au Sahara par la cr�ation d'un commandement unique pour l'ensemble des territoires sahariens de l'Alg�rie et de l'A.O.F. (d�cret du 12 janvier 1917). Ce commandement est confi� au g�n�ral Laperrine.
     D�s son arriv�e en mars 1917, celui-ci prescrit de revenir � la m�thode qui a si bien r�ussi quinze ans plus t�t: pas de d�fensive statique dans les bordjs qui ne doivent �tre que des magasins mais des tourn�es, des patrouilles, des contacts �troits avec les populations; des ch�timents exemplaires aux rebelles chaque fois que n�cessaire, mais sans oublier, que l'ennemi d'aujourd'hui sera le sujet de demain. Et le g�n�ral donne l'exemple: malgr� les suspicions, l�gitimes ou non, qui ont pes� sur l'am�noukal pendant son s�jour en A.O.F., Laperrine accorde � Moussa ag Amastane la plus enti�re confiance qui se changera en une amiti� ind�fectible. Cette habile politique porte ses fruits: l'am�noukal pr�che l'apaisement et, apr�s les soubresauts de l'oued Ilamane et d'In Eker, les Hoggar font leur soumission. Nous n'aurons plus d�sormais affaire qu'aux Ajjer ou � des dissidents isol�s irr�m�diablement compromis (1).

     (1) Comme gage de sa fid�lit� et de son loyalisme, Moussa ag Amastane demandera en 1918 au g�n�ral Laperrine de coop�rer avec les troupes soudanaises � la poursuite de Khaoucen revenu dans l'Air. Le 19 f�vrier avec trois cent cinquante partisans Hoggar et une poign�e de volontaires de la compagnie de Tidikelt, il rejoint le sous-lieutenant N�d�lec � Ezouzane (SW d'If�rouane) trois jours apr�s avoir livr� combat � Khaoucen, � Talarlak (16 f�vrier), lui avoir tu� vingt hommes et enlev� un fort butin. Apr�s une s�rie d'escarmouches o� plus de cinquante rebelles sont tu�s, Moussa accroche de nouveau Khaoucen � Arakao (1er mars) et le fixe jusqu'� l'arriv�e du lieutenant N�d�lec qui suit la mehalla des Hoggar. Khaoucen bouscul� prend la fuite laissant sur le terrain quinze cadavres, tous ses troupeaux et un convoi de dattes. Pendant deux mois Moussa continue ses patrouilles dans l'Air, nettoie le pays de petites bandes rebelles et re�oit quantit� de soumissions. Il quitte l'Air � la fin de mai pour rentrer au Hoggar.

Combat de l'Ilamane (5 avril 1917),

     Le capitaine Masson, commandant la compagnie du Touat, re�oit la mission de battre le massif du Hoggar dans lequel se sont r�fugi�s de nombreux dissidents touareg. Les montures �tant �puis�es, il ne parvient � mettre sur pied qu'un d�tachement de quatre-vingts hommes encadr�s par deux sous-lieutenants (B�jot et Constant), trois sous-officiers europ�ens et deux indig�nes; le docteur Perrin l'accompagne. Le d�tachement quitte Fort-Motylinski le 20 mars, passe � Tazerouk et Tamanrasset et arrive le 4 avril dans l'oued Ilamane. La r�gion est montagneuse, p�nible; la s�ret� de la colonne impose des pr�cautions qui augmentent encore la fatigue d�j� grande car, pour �pargner les m�hara �puis�s, tous les d�placements se font � pied.
     Le 5 avril au lever du jour, les patrouilles d'avant-garde sont fusill�es � faible distance par les Touareg dissimul�s dans des rochers inaccessibles. Sur deux kilom�tres de cr�tes, cent quarante � cent soixante fusils dominent de toute part le groupe Masson et font pleuvoir sur lui une gr�le de balles interdisant toute man�uvre. Le capitaine est gri�vement bless� d�s le d�but de l'action mais il se fait porter et, toute la journ�e, continue de diriger le combat. Ce n'est qu'� la nuit que la fusillade cesse; l'ennemi s'�gaille dans la montagne chaotique. Nous avons onze tu�s, dont le mar�chal-des-logis Frimigacci et le jeune saharien Billet, et neuf bless�s.
     Peu de jours apr�s, le 14 avril, un rezzou Ajjer enl�ve cent chamelles � ln Sokki, au sud de Fort-lnifel.

Attaque de la zaou�a de Temassinine (8-9 mai 1917).

     Dans la nuit du 8 au 9 mai, Sultan Ahmoud � la t�te de trois cents partisans vient piller le village indig�ne construit pr�s des puits art�siens de Fort-Flatters et la zaouia de Temassinine. Les 9 et 10 mai, la petite garnison du fort ex�cute des sorties et refoule les dissidents jusqu'� la zaouia et les canonne.

    

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Combats de Hassi Tanezrouft (12 mai 1917) et de El Heira (Il juin 1917).

     Le 11 mai au matin, une reconnaissance pousse jusqu'� la zaouia (sept kilom�tres de Fort- Flatters) et la trouve �vacu�e. Sultan Ahmoud, en effet, est all� se porter � Hassi Tanezrouft sur la route d'un convoi venant d'Ouargla sous l'escorte de cinquante m�haristes de la compagnie saharienne d'Ouargla et de quelques goumiers (mar�chaux-des-logis Suau et Cochet). Le 12 mai, le convoi est enlev�, le mar�chal-des-logis Suau et huit sahariens sont tu�s; le mar�chal-des-logis Cochet est bless�. Une poursuite tent�e par le capitaine Levasseur ne donne aucun r�sultat. Sultan Ahmoud s'est rapidement d�rob� vers Ghadam�s et le sud tunisien. Un mois plus tard, le 11 juin, � El Heira � vingt-cinq kilom�tres de Bir Kecira (actuellement Bordj Leb�uf, sud tunisien) il attaque un peloton de la compagnie saharienne de Tunisie de garde au p�turage, lui blesse huit hommes, razzie deux cents mehara et en laisse cent autres morts ou bless�s. Il perd lui-m�me trois tu�s et un bless�.

Combat d'In Eker (15 juin 1917).

     Revenu de l'A�r, le groupe mobile du capitaine Depommier circule dans le Hoggar. En juin, le sous-lieutenant Lehuraux re�oit l'ordre d'envoyer une patrouille � In Eker porter des instructions � un convoi venant d'In Salah. La patrouille, vingt-trois hommes command�s par le mar�chal-des-logis Pi�tri, arrive sans incident � In Eker et, apr�s cinq heures de marche, campe dans l'Oued In Eker pour laisser passer le gros de la chaleur et faire pa�tre les animaux. Peu apr�s la halte, vers 14 heures, le groupe install� sur une petite butte est assailli par une troupe nombreuse de m�haristes et de pi�tons (Iadhanaren, Kel Toberen, A�t Lohen) arm�s de fusils modernes. Tr�s ma�tre de lui, le mar�chal-des-logis Pi�tri fait achever les trous individuels commenc�s et donne � chacun ses instructions. Bless� au poignet il continue cependant � animer la d�fense avec sang-froid pendant toute l'apr�s-midi. A la tomb�e de la nuit, l'ennemi tente en force d'escalader la gara. Se rendant compte que sa position devient intenable, le sous-officier ordonne une sortie � la ba�onnette: � En avant! A la ba�onnette! En avant les enfants � et mourons s'il le faut �.. Deux sahariens tombent mortellement frapp�s, deux autres gri�vement bless�s, pendant que la petite troupe d�vale la gara en direction d'un massif montagneux qui lui servira de refuge; les hommes y parviennent suivis de loin par leur chef et les bless�s qui se tra�nent. Lemar�chal-des-logis Pi�tri s'aper�oit alors de l'absence des deux sahariens qu'il n'a pas vus tomber; il s'arr�te, les appelle, ne voulant pas les abandonner aux mains des dissidents. Au moment m�me sa patrouille est fusill�e par un groupe ennemi qui, malgr� l'obscurit�, s'est lanc� sur ses traces. Jugeant la situation d�sesp�r�e, sentant ses forces diminuer, le mar�chal-des-logis Pi�tri donne l'ordre � ses hommes de l'abandonner et de se disperser pour �viter une mort certaine. Mourant de soif et de fatigue, il reste sur place avec un saharien incapable, lui aussi, de se d�rober. On apprit plus tard que, prisonnier des rebelles, il fut somm� d'abjurer sa foi et, sur son refus, l�chement achev�.

     L'h�ro�que combat d'In Eker nous co�tait sept tu�s et quatre bless�s graves. Des renseignements recueillis apr�s l'affaire indiquaient que l'ennemi avait eu un tu� et une quinzaine de bless�s. Les dissidents, dix fois sup�rieurs en nombre, avaient br�l� plus de dix mille cartouches pour avoir p�niblement raison de la patrouille Pi�tri.

     Le 2 juillet, � Tadjmout, une patrouille command�e par le mar�chal-des-logis Tayeb bel Lahdef s'est d�tach�e d'un convoi � destination de Fort-Motylinski. Elle accroche une bande de cinquante Ajjer qui guettait la caravane, combat courageusement et force l'ennemi � la retraite. Elle a un tu� et deux bless�s.

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Combat de Tehi n Akli (25 juillet 1917).

     Le 25 juillet, � Tehi n Akli, le groupe Lehuraux (adjudant Plainchamp, mar�chal-des-logis Paliaret) et onze goumiers touareg aux ordres de (Boukhellil ag Douka, khalifa de Moussa ag Amastane, attaque la bande qui a op�r� � In Eker sous les ordres d'Ebbeuh ag Aghabelli. Les Touareg sont surpris et apr�s une journ�e de combat s'enfuient dans la montagne o� il est impossible de les poursuivre.

Rezzous.

     Les coups de main se succ�dent contre les campements soumis et les faibles d�tachements militaires. Les groupes mobiles puissants sont soigneusement �vit�s et s'�puisent en vaines recherches.

     A la fin de juillet, des Kel Rela dissidents razzient dans le Mouydir les Kel ln Rhar et les Kel Amguid pour les punir d'avoir fourni des �claireurs au groupe Lehuraux lors de l'affaire de Tehi n Akli.

     En ao�t, une bande d'une cinquantaine d'Iadhanaren provenant probablemenl du rezzou qui s'est disloqu� apr�s l'�chec de Tehi n Akli vient s'installer dans l'Ahnet o� elle pille une caravane venant de l'Adrar et les troupeaux du marabout de Reggan. Le 20 septembre, elle enl�ve plus de cent chamelles aux Kel ln Rhar.

Photo CROMBE
Le Plateau du Tadema�t
(Dessin du Brigadier Le Brazidec - 1914)

     Les 18 et 19 octobre, soixante-dix Ajjer command�s par Brahim ag Abakada enl�vent deux convois entre Merdjouma et A�n el Guettara sur 1a piste d'Inifel � In Salah (soixante-cinq chameaux de vivres et de mat�riel divers). Le goum de Gharda�a charg� de la police dans le Tadema�t, fort mal mont�, ne peut poursuivre les pillards. Pour la m�me raison, le d�tachement du Tidikelt charg� de leur couper la retraite �choue dans sa mission.
     Dans les premiers jours de janvier 1918, un rezzou de trente-cinq Ajjer enl�ve trois courriers � Tabeloulet, entre El Gol�a et In Salah, puis poussant jusqu'au Meguiden razzie deux cent soixante chameaux aux Mouadhi.

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     Une exp�dition punitive est alors mont�e avec les Chaamba d'Ouargla (deux cent douze goumiers, onze mokhazenis et dix-sept sahariens de la compagnie d'Ouargla). Elle va razzier dans la hamada du Tirghert cinq cents chameaux, deux cents �nes, quatre c�nts ch�vres. Treize Touareg sont tu�s et onze captur�s (janvier 1918),

Guet-apens d'A�n Guettara (1er f�vrier 1918).

     Le 31 janvier, deux tracteurs de l'aviation quittent lnifel avec les sous-lieutenants Chandez et Fondet, huit sahariens et un guide. Charg�s de rechercher des pistes d'atterrissage, les offiiciers devaient �tre � A�n Guettara le 1er f�vrier et � In Salah le 2. Mais la bande d'Ebbeuh Ag Aghabelli (cent fusils) sillonne le Tadema�t. Depuis des mois des groupes de police (compagnies du Tidikelt, d'Ouargla) et les goums du capitaine lsnard sont �puis�s et ne peuvent plus assurer qu'une protection pr�caire des lignes de communication.
     Le 1er f�vrier 1918, Ebbeuh arrive � A�n Guettara, surprend le poste tenu par huit goumiers, en tue sept et capture le dernier. Aussit�t il s'installe sur une cr�te rocheuse qui domine la piste en lacets. Quand les tracteurs arrivent, ils sont fusill�s � courte distance, tous leurs passagers sont massacr�s malgr� une h�ro�que d�fense (1). Puis les voitures sont pill�es et incendi�es.

(1) Le nom du sous-lieutenant Chandez a �t� donn� � un bordj d'Ouargla.
Photo CROMBE

Dans le Tadema�t

(Dessin du Brigadier Le Brazidec- 1914)

 

Combat de l'Oued Alba (4 f�vrier 1918).

     Enhardis par ce succ�s, les rebelles se portent � la rencontre du gros convoi de ravitaillement (deux cents chameaux) qui, sous la protection de soixante sahariens command�s par l'adjudant Luc se rend d'Inifel au Hoggar par In Salah. Le 4 f�vrier, le convoi arrive dans l'Oued Arha o� il trouve les traces du parti ennemi. Conscient du dariger qu'il court, il d�p�che deux hommes vers le goum du capitaine Isnard pour demander du secours. Mais ses estafettes sont intercept�es � quelques kilom�tres du camp; l'une est tu�e, l'autre vient donner l'alarme ce qui permet � l'adjudant Luc de pr�parer la d�fense de son convoi. Il subit jusqu'� la nuit. plusieurs assauts dont un � l'arme blanche mais devant la vigueur de ses r�actions, l'ennemi se d�robe vers 2 heures du matin laissant trois cadavres sur le terrain et emmenant ses bless�s. Le convoi n'a eu qu'un tu� et deux bless�s l�gers. Il arrive le 8 f�vrier sans autre incident.

 

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     Le 12 f�vrier, quarante m�haristes de la m�me bande viennent tendre une nouvelle embuscade � dix kilom�tres d'Hassi el Khenig � deux jours au sud d'In Salah. Un d�tachement venu du Mouydir pour renforcer l'escorte, les prend � revers et les force � se replier.

Harka dans le Tadema�t (mars 1918).

     En mars, la harka de Brahim ag Abakada rentre en sc�ne. Venant du Tassili, elle p�n�tre dans le Tadema�t par l'Oued Messeguem. Le 17, elle est � Hassi Megraouen, le 23, elle surprend les huit goumiers de garde � Fort-Miribel. Le 24, elle tente d'enlever le camp des Chaamba Mouadhi. Ayant �chou�, elle se dirige sur El Gol�a dans l'espoir de se ravitailler dans le village et les jardins d'Hassi el Gara. Le 27 mars, elle se heurte pr�s de l'Erg Sidi Yahia (cinquante- cinq kilom�tres au sud d'El Gol�a) � un d�tachement mixte de tirailleurs et de goumiers aux ordres du mar�chal-des-logis Ben Diab de la compagnie du Tidikelt qui la poursuit en vain pendant quatre jours. Pendant ce temps un d�tachement de cette bande vient razzier les campe- ments du Tidikelt dans l'Oued Souf (au nord d'In Salah) et rejoint le gros � ln Sokki. La harka Brahim nous a co�t� une demi-douzaine de tu�s, patrouilleurs et courriers isol�s, elle en a perdu � peu pr�s autant. Ses prises ont �t� insignifiantes compar�es � l'effort fourni et � l'audace d�ploy�e.
Photo CROMBE

Dans le Tadema�t

(Dessin du Brigadier Le Brazidec- 1914)

 

Contre-rezzou (mars-avril 1918)

     A la m�me �poque, le groupe mobile du sous-lieutenant Girod de la compagnie saharienne de Touggourt se rend en contre-rezzou dans la r�gion d'En Nahia (quatre cents kilom�tres � l'est de Fort-Flatters). Du 15 mars au 14 avril, il parcourt un millier de kilom�tres sans rencontrer personne. Le sous-lieutenant Girod qui avait brillamment conduit son exp�dition dans une r�gion particuli�rement difficile et mal connue est cit� � l'ordre des troupes fran�aises de l'Afrique du Nord, ainsi qu'un sous-officier et trois sahariens indig�nes.
     Pendant le premier semestre 1918, une lutte continuelle est men�e par la compagnie de Touggourt contre les contrebandiers qui essaient de ravitailler Ghadam�s par le Grand Erg oriental. Citons notamment l'affaire de Dekhlet el Hachi, pr�s de Bir Aou�ne (12 avril 1918) au cours de laquelle le mar�chal-des-logis Belkacem ben el Ouafi et huit sahariens mirent en fuite des caravaniers dans les bagages desquels on trouva des tracts invitant les indig�nes � se r�volter contre les Fran�ais.  
 En juin, une autre patrouille de la m�me unit� tue un nomm� Ouan Titi, d�serteur targui du Tidikelt devenu chef de bande.

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Tourn�e du g�n�ral Laperrine � Tombouctou (12 novembre 1917-16 avril 1918).

     Dans la r�gion du Hoggar cependant tout �tait calme. Le g�n�ral Laperrine escort� par un d�tachement de la compagnie du Tidikelt entreprend une grande tourn�e d'inspection. Parti d'In Salah le 12 novembre 1917, il se rend en A.O.F. jusqu'� Tombouctou et rentre au Tidikelt le 16 avril 1918 ayant parcouru quatre mille kilom�tres sans autre incident que la capture de quelques Beraber isol�s qui fr�quentaient des r�gions soumises certes mais encore fr�missantes des �v�nements qui s'y �taient d�roul�s en 1916 et 1917. C'est � son passage dans le Hoggar que le g�n�ral Lapperine accorda � Moussa ag Amastane de se lancer contre Khaoucen avec ses Touareg (cf. p. 69, note 1).

Combat de Bir Kecira (15 octobre 1918).

     Le 15 octobre 1918, un peloton de soixante-dix hommes de la compagnie saharienne de Tunisie qui se trouve au p�turage � huit kilom�tres au nord-est de Bir Kecira est attaqu� au petit jour par une harka de quarante cavaliers et de trois cents m�haristes. Vers midi, l'arriv�e de secours venus de Bir Kecira met l'ennemi en fuite. Le combat avait �t� d'une violence inou�e et la fa�on dont les dissidents avaient man�uvr� et organis� un poste de secours et un poste de commandement dont on retrouva l'installation apr�s leur retraite fit supposer que la harka �tait command�e par des officiers turcs ou allemands. Nous avions huit tu�s dont un mar�chal-des-logis et un tirailleur fran�ais, treize bless�s dont l'officier-interpr�te Ragaru, commandant le peloton, et deux mitrailleurs fran�ais. L'ennemi laissait de nombreux morts sur le terrain et, au poste de secours, on relevait la trace de vingt-cinq bless�s qui y avaient �t� abrit�s et pans�s.
     On signalait depuis longtemps dans la r�gion de Ghadam�s-Derdj et plus au sud vers En Nahio de nombreux campements dissidents qui avaient s�rement fourni des contingents lors de l'attaque de Bir Kecira du 15 octobre. La d�cision fut prise de les faire contre-attaquer par les Chaamba d'Ouargla. Un contre-rezzou est organis� sous les ordres du ca�d M'Hamed ben Kaddour de la tribu des Chaamba bou Sa�d : vingt-cinq sahariens de la compagnie d'Ouargla, treize mokhazenis et cent soixante goumiers. Sachant que l'ennemi surveillait la piste de Fort-Flatters, le ca�d contourne Ghadam�s par l'est; le 16 novembre, il passe � Bir Pistor, enl�ve une caravane et razzie des campements pr�s de Derdj. Poursuivi, il est attaqu� le 17, mais se d�gage vigoureusement en conservant ses prises (trois cent quatre-vingts chameaux et quatorze fusils italiens). Il se replie sur le Grand Erg oriental. L'ennemi a dix tu�s et de nombreux bless�s. De notre c�t� nous avons trois morts et deux bless�s.

Colonne de Djanet (octobre 1918).

     A son retour de l'A�r (1) en juin 1918, Moussa ag Amastane est charg� de coop�rer � une exp�dition contre Djanet d�cid�e par le commandement en repr�sailles des innombrables djiouch qui harc�lent nos troupes depuis tr�s longtemps. Le capitaine Depommier (successeur depuis f�vrier du capitaine Duclos � la f�te du Tidikelt) qui commande la colonne a bien l'intention de confier � Moussa la mission d'entrer en pourparlers avec Sultan Ahmoud, ma�tre de la situation aux Ajjer. L'am�noukal du Hoggar peut parler d'autant plus haut qu'il vient de montrer sa valeur

(1)Cf. page 69, note 1.

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contre Khaoucen et que la guerre sur le front de France tourne � notre avantage; les Senoussistes le savent bien et on pr�te d�j� � quelques chefs Ajjer (Brahim ag Abakada) l'intention de composer.
     Le 25 ao�t 1918, le capitaine Depommier quitte In Salah avec cent vingt-cinq fusils, passe � Idel�s le 19 septembre. Du 5 au 16 octobre, il campe � Ouadenki-Eimeri o� il est rejoint par Moussa � la t�te de deux cents Touareg et de vingt-cinq sahariens de la compagnie du Tidikelt (adjudant Vella).

    Apr�s avoir op�r� entre Admer et Djanet, deux razzias sur des A�t Lohen et des Iadhanaren qui reviennent de l'A�r avec des prises, la colonne entre le 28 octobre 1918 � Djanet et prend possession de Fort-Charlet (1). L'oasis a �t� abandonn�e par les Ajjer et Sultan Ahmoud a, cette fois encore fui dans le Tassili avec ses fid�les. Mais Moussa r�ussit � obtenir une entrevue de notre farouche ennemi. Entour� de guerriers, parmi lesquels les assassins du P�re de Foucauld, Sultan Ahmoud palabre pendant de longues heures (2). Il promet finalement de cesser les hostilit�s contre nous et de se retirer au Fezzan.
     Mais � peine la colonne avait-elle quitt� Djanet (9 novembre), les sahariens, reprenant le chemin d'In Salah (3) et le goum Moussa celui du Hoggar, que Sultan Ahmoud lan�ait de nouveau ses bandes contre nous.Malgr� les engagements pris, il harc�lera nos postes et nos d�tachements pendant deux ans encore.

(1) A la suite des op�rations du Djanet, le g�n�ral commandant les Troupes fran�aises de l'Afrique du Nord citait la compagnie du Tidikelt dans son ordre du jour n� 157 qui attribuait la Croix de guerre avec �toile de vermeil :

    � Compagnie saharienne d'�lite. A, depuis sa cr�ation, assur� l'emprise de la domination fran�aise sur tout le Sahara central par l'activit� incessante de ses chefs, le d�vouement inlassable de ses hommes; a rempli, malgr� de tr�s grosses difficult�s, la t�che qui lui �tait confi�e. Depuis le d�but de la mobilisation, sous le commandement des capitaines Duclos et Depommier, a assur� la r�pression des troubles dans le sud tunisien, le Tassili des Ajjer, le Hoggar, l'Air et l'Adrar des Ifoghas. A r�tabli l'ordre dans ces r�gions et ramen� � nous les tribus touareg qui avaient fait d�fection. A livr� de nombreux et meurtriers combats au cours desquels les Sahariens de tout grade de cette unit� se sont montr�s comparables � leurs camarades combattant sur le front de l'Europe �.

    Pour la guerre 1914-18, les historiques des compagnies sahariennes qui ont pu �tre retrouv�s (Tidikelt, Ouargla, Touggourt) font mention de soixante-sept tu�s, quatre l�gions d'honneur, onze m�dailles militaires, deux cent vingt-deux citations.
    (2) L'adjudant Vella, soigneusement d�guis�, assistait � 1'entrevue avec ce fanatique qui avait jur� de mourir sans revoir un chr�tien.
    (3) Le capitaine Depommier rentra � In Salah le 14 d�cembre 1918 pour y trouver le g�n�ral Laperrine partant en tourn�e d'inspection dans l'Air. Apr�s �tre all� jusqu'� Agad�s accompagn� par un petit d�tachement du lieutenant Brunet, le g�n�ral �tait de retour � Fort-Motylinski le 16 avril 1919. De l�, il d�cida de rentrer � Ouargla par les Ajjer. Son escorte fournie d�s lors par le lieutenant Giraudy, le commandant sup�rieur des Territoires sahariens gagna la plaine d'Admer. Dans le Tassili, au camp du lieutenant Guieu, de la compagnie d'Ouargla, il obtint enfin la soumission de Brahim ag Abakada et l'investit Amghar des Ajjer. Le g�n�ral Laperrine se dirigea ensuite sur Fort-Polignac abandonn� depuis 1916, passa � Fort-Flatters et atteignit Ouargla le 23 juin 1919, ayant parcouru plus de quatre mille cinq cents kilom�tres en sept mois.

Attaque du p�turage de Fort-Polignac (9 juin 1920).

     Le 9 juin 1920, les dix sahariens du brigadier Kaddour ben Habib, de garde au p�turage pr�s de Fort-Polignac, sont attaqu�s � la tomb�e de la nuit par soixante-dix dissidents. La courageuse r�sistance du brigadier permet aux renforts de l'adjudant Com�res envoy�s du bordj par lelieutenant de Lespinois d'arriver et de mettre les rebelles en fuite. Nous avions un tu� et deux bless�s graves, l'ennemi un tu� aussi et sept bless�s.

R�occupation de Djanet (20 juillet 1920) - Combat d'Assakao (27 juillet 1920).

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      La situation trouble que les bandes fellaga entretiennent en pays Ajjer impose une nouvelle exp�dition. En juin 1920, le commandant Sigonney, commandant militaire du territoire des Oasis, forme une colonne avec laquelle il reprend la direction de Djanet. Les Touareg Hoggar aux ordres de l' adjudant Vella rejoignent cette colonne en cours de route et coop�rent avec elle. Fort-Charlet est r�occup� le 20 juillet 1920. Tandis que la colonne Sigonney regagne le nord, l'adjudant Vella re�oit la mission, seul Fran�ais avec cent quarante Hoggar et trente sahariens du Tidikelt de relancer la harka de Sultan Ahmoud qui tient le Tassili. Le 27 juillet 1920, en plein midi, dans les gorges chaotiques de l'Assakao le groupement Vella, qui pourchasse l'ennemi depuis plusieurs jours, est attaqu� par deux cent cinquante Ajjer. Au prix de dix tu�s et quinze bless�s, il bouscule rudement ses adversaires qui abandonnent vingt-trois morts et un important butin.
     Quelques mois plus tard, le 7 octobre, une vingtaine de sahariens du groupe mobile des Ajjer atteignent au-del� du col de Tafelalet sur la route de Ghat des dissidents � la solde de Sultan Ahmoud qui ont op�r� � Djanet contre un campement soumis. Les pillards perdent cinq tu�s et de nombreux bless�s dont El Madani, assassin du P�re de Foucauld. Ils laissent entre les mains de leurs poursuivants une petite fille qu'ils avaient enlev�e � Djanet, onze chameaux et tout leur armement.

     C'est en cette fin de l'ann�e 1920 que les bandes dissidentes quittent d�finitivement notre territoire. Leur d�part permet de ramener sous notre autorit� les derni�res fractions Ajjer encore h�sitantes .
vers le d�but du Chapitre 5

Photo:"THIRIET"
M�hariste targui

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